LA SURPROTECTION DES ENFANTS FREINE L’EPANOUISSEMENT
OU COMMENT LA PEUR DE L’ÉCHEC SE TRANSFORME EN UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DES ENFANTS
Dans notre société moderne, de nombreux parents adoptent une approche ultra-protectrice avec leurs enfants. Ils craignent qu’ils souffrent, échouent ou rencontrent des obstacles trop difficiles à surmonter seuls. Cette surprotection des enfants, bien qu’animée par de très bonnes intentions, peut pourtant avoir des effets négatifs à long terme. En évitant à leurs enfants toute forme de difficulté, les parents les privent d’expériences essentielles à leur développement.
Ce phénomène est particulièrement présent ou particulièrement visible dans le monde du sport. Des parents changent leur enfant de club au moindre problème, ils interviennent s’ils ont la perception d’une injustice et ils pratiquent une politique d’évitement pour s’assurer que les enfants ne subiront pas d’échec.
Trop souvent, des parents interviennent dès qu’un jeune athlète rencontre un échec, une critique ou une difficulté, pensant ainsi lui éviter un traumatisme. Pourtant, en l’empêchant d’échouer, ils l’empêchent surtout d’apprendre, de se remettre en question et donc de progresser.
Dans cet article, nous allons voir comment la surprotection des enfants freine leur développement et comment, au contraire, les aider à apprendre par eux-mêmes peut leur permettre de devenir plus forts et plus résiliants.

Voici le sommaire de cet article :
- Qu’est-ce que la surprotection des enfants ?
- Comment s’explique ce comportement de surprotection ?
- Les effets négatifs de la surprotection sur le développement des enfants
- Pourquoi l’échec est essentiel au développement des enfants ?
- Comment encourager l’indépendance sans mettre en péril la sécurité de l’enfant ?
- Protégez moins, préparez mieux.
QU’EST-CE QUE LA SURPROTECTION DES ENFANTS ?
La surprotection des enfants se manifeste par un contrôle excessif et une volonté d’éviter toute forme d’échec ou de difficulté. Cela se traduit par :
Une aide excessive : intervenir systématiquement dans les devoirs scolaires, les entraînements sportifs ou les relations sociales.
Une hyper-vigilance : surveiller en permanence pour éviter tout danger, même mineur.
L’évitement des échecs : tout faire pour que l’enfant ne ressente pas de frustration et ne vive d’échec.

COMMENT S’EXPLIQUE CE COMPORTEMENT DE SURPROTECTION ?
Le comportement parental de surprotection s’explique par plusieurs facteurs :
Une peur du jugement social : Les parents veulent éviter que les enfants ne soient « jugés » du fait d’un échec. Et, de manière plus subtile, veulent aussi éviter l’échec de leur enfant, car ils considèrent, de manière souvent inconsciente, que l’échec de leur enfant est aussi leur échec.
Une volonté de compenser des échecs personnels. Les regrets, les erreurs, les échecs des parents poussent souvent à vouloir faire en sorte que les enfants suivent une meilleure trajectoire. Et malheureusement cette trajectoire nous l’imaginons, toujours inconsciemment, de manière quasi parfaite.
Une évolution de la société, qui valorise la réussite immédiate et l’absence de souffrance. La gratification immédiate devient la règle. L’idée « je veux le meilleur, tout de suite et sans trop d’effort » semble de plus en plus répandue. La mode des « hacks » et des « cheat code » est l’expression de cette tendance.

LES EFFETS NEGATIFS DE LA SURPROTECTION SUR LE DEVELOPPEMENT DES ENFANTS
La surprotection des enfants entraîne une autonomie réduite
Un enfant constamment assisté par ses parents ne développera pas les compétences nécessaires pour se débrouiller seul. Il deviendra dépendant aux autres pour la plupart des résolutions de problèmes.
La surprotection des enfants engendre une faible tolérance à la frustration
En évitant toute frustration on ne prépare pas nos enfants à gérer les frustrations. Que reste-t-il alors à l’enfant pour se débarrasser des frustrations ? L’évitement.
Il va développer la tendance à éviter les situations qui pourraient être des risques d’échecs ou de frustrations ? Il risque aussi de devenir un jeune homme qui a tendance à abandonner rapidement, lorsqu’il rencontrera une difficulté, que cette difficulté soit scolaire, sportive ou amoureuse.
La surprotection des enfants crée un manque de confiance en soi
Laisser un enfant tomber, se relever, trouver des stratégies par lui-même, est un excellent moyen de développer sa confiance en lui. Et a contrario, si un enfant n’a jamais l’occasion de se débrouiller seul, il peut croire qu’il est incapable de réussir sans l’aide de ses parents. Son estime de lui et sa confiance dans ses compétences se verront grandement fragilisées.

La surprotection des enfants est une des causes d’une plus grande difficulté à gérer le stress et les émotions
Les enfants surprotégés n’ont pas l’opportunité d’apprendre à gérer leurs émotions face aux difficultés. N’ayant pas eu de difficultés, ils n’auront pas eu non plus l’occasion de développer ou d’être accompagnés dans l’apprentissage de la gestion des émotions. À l’âge adulte, ils risqueront de ressentir une anxiété excessive face aux responsabilités et aux défis.

La surprotection des enfants développe une motivation extrinsèque plutôt qu’intrinsèque
Un enfant habitué à ce que ses parents résolvent tous ses problèmes aura tendance à faire les choses pour leur faire plaisir, plutôt que pour lui-même. Il ne développera pas une motivation personnelle et durable, ce qui peut nuire à sa persévérance.
POURQUOI L’ÉCHEC EST ESSENTIEL AU DEVELOPPEMENT DES ENFANTS ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, échouer n’est pas une mauvaise chose. Au contraire, c’est une étape indispensable de l’apprentissage et du développement personnel.
Je vous conseille d’ailleurs l’excellent livre du philosophe Charles Pépin « Les Vertus de l’Échec » une vraie pépite. Un « must read » pour les parents et un livre tout à fait accessible, qui peut devenir un vrai révélateur, pour les adolescents.
Je vous réaliserai d’ailleurs bientôt une fiche de lecture de ce livre. (Vous pouvez consulter les fiches de lecture déjà en libre accès en cliquant sur ce lien : fiches de lectures).
L’échec comme moteur de progrès
« Soit je gagne, soit j’apprends ». – Nelson Mandela
Dans le sport comme dans la vie, chaque échec est une opportunité d’apprendre. Un athlète qui perd un match peut analyser ses erreurs, tirer des leçons de ses erreurs, trouver des stratégies pour ne plus les commettre et revenir plus fort.
La résilience et la persévérance
La persévérance est peut-être LA compétence essentielle dans le sport. Si des parents laissent leur enfant se débrouiller face à la difficulté, ils lui permettent de développer la résilience. Si la persévérance est une notion qui vous semble aussi importante vous pouvez lire l’article qui est consacré à cette compétence : « La persévérance, comment aider vos enfants sportifs à la développer ? »
L’apprentissage par l’expérience
Les enfants apprennent mieux lorsqu’ils font eux-mêmes des erreurs et trouvent eux-mêmes leurs propres solutions. Pour les parents il n’est d’ailleurs pas toujours facile de faire la différence entre les situations qui risquent réellement de faire des dégâts irréparables et les situations pour lesquelles on peut laisser les jeunes faire leur propre expérience.
Une meilleure gestion du stress et des émotions
En étant confronté à des défis et en apprenant à les surmonter, un enfant développera sa capacité à gérer le stress et la pression, ce qui sera un atout majeur dans sa vie adulte. Dans le sport, les matchs et les compétitions sont des moyens pour apprendre à développer les compétences de gestion du stress et des émotions.

COMMENT ENCOURAGER L’INDEPENDANCE SANS METTRE EN PERIL LA SECURITE DE L’ENFANT ?
Voilà une question qui vous sera certainement passée à l’esprit lors de la lecture de l’article. Ce questionnement est d’ailleurs essentiel. Est-ce de la surprotection de mon enfant ou une attention légitime pour éviter les accidents ? Encourager l’indépendance ne signifie pas abandonner l’enfant à lui-même. Il s’agit de trouver le bon équilibre entre protection et autonomie.
Fixer des limites claires mais permettre les expériences
Les enfants ont besoin de repères, ils apprécient même d’avoir des limites claires. Mais les enfants ont aussi besoin d’explorer et d’expérimenter.
Dire à un enfant qui marche sur un muret « attention tu vas tomber ». C’est non seulement lui montrer que l’on ne fait pas confiance à son équilibre mais en plus c’est l’empêcher de développer cet équilibre. Voir aussi l’article « les prophéties auto réalisatrices des coachs ».
Laisser l’enfant résoudre ses propres problèmes
Si un enfant a un conflit avec un camarade, un échec scolaire ou une difficulté sportive, encouragez-le à trouver une solution par lui-même avant d’intervenir.
Et c’est valable pour tout âge, laissez-le tenter d’ouvrir la bouteille, laissez-le se débrouiller pour lacer ses chaussures et laissez-le faire sa dissertation.
Plus vous faites à sa place, moins il apprend.
Encourager la prise de risque mesurée
Apprenez à votre enfant à oser essayer sans avoir peur de l’échec. Par exemple, dans le sport, laissez-le tenter l’expérience de s’entraîner avec les joueurs du niveau supérieur, même si cela risque d’être très difficile et s’il risque d’échouer. Il pourra de la sorte évaluer son niveau et le travail encore à parcourir.
Laissez-le suivre les entraînements quotidiens de son club, même si les résultats scolaires vont en pâtir. Il apprendra à mieux gérer son temps et à être plus efficace dans son travail.
Valoriser l’effort plutôt que le résultat
Plutôt que de féliciter un enfant uniquement pour une victoire ou une bonne note, mettez l’accent sur son travail, sa persévérance et ses progrès.
Ainsi un 8/10 alors que votre enfant vous dit qu’il n’a pas travaillé pourrait vous faire relever que l’effort est primordial. Et dans la même logique, si votre enfant vous présente un test avec un 4/10, il serait tout à fait logique de louer ses efforts si tel a été le cas.
Accepter ses propres échecs en tant que parent
Nous commettons aussi des erreurs. Votre réaction à l’échec, à VOTRE échec, influencera grandement la perception que votre enfant aura de SES échecs.
Nous éduquons avant tout par l’exemple.
Montrez à votre enfant que l’échec fait partie de la vie, que sans vous y résoudre, vous développez des stratégies pour en tirer des leçons.
PROTEGEZ MOINS, PREPAREZ MIEUX.
La surprotection des enfants peut sembler être un acte d’amour, mais elle les prive, en réalité, des compétences dont ils auront besoin pour s’épanouir pleinement. Laisser un enfant échouer et apprendre par lui-même est l’un des plus beaux cadeaux qu’un parent puisse lui offrir.
Car l’hyperprotection empêche les enfants d’acquérir des compétences essentielles pour leur vie future, notamment la gestion de l’échec, la persévérance, la gestion des émotions et la confiance en eux.
Plutôt que de chercher à éviter les difficultés, aidons nos enfants à développer les stratégies pour affronter leurs difficultés avec confiance et persévérance. Car comme le disait Winston Churchill :
Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal, c’est le courage de continuer qui compte. Winston Churchill
Si protéger son enfant peut sembler naturel, bénéfique et même indispensable, une protection excessive a des conséquences délétères sur son développement.
Mais tout le problème se situera, vous l’aurez compris, au niveau auquel chacun placera le curseur de ce qu’il considèrera comme étant de la surprotection.
Si tu as des exemples de situations positives ou négatives, liées à la surprotection, cela m’intéresserait beaucoup que tu les partages en commentaire.
Ces propos me rappellent la métaphore du papillon:
« Celui qui dans un geste de bonté aide le papillon à rompre l’enveloppe de son cocon verra naître un papillon incapable de voler . En effet le papillon a besoin de temps pour prendre confiance en ses forces . Tous ces efforts pour le passage par le petit trou du cocon , c’est l’étape nécessaire pour qu’il transmette le liquide de son corps vers ses ailes et puisse ainsi voler »
Bravo pour cet article dense, complet et qui aborde la thématique sous différents angles. Il permet une remise en question et des idées de changement.
Merci pour ce beau parallèle avec la métaphore du papillon ! 🌿🦋 Effectivement, les difficultés sont souvent essentielles à la croissance et à l’autonomie. Donner trop d’aide peut priver l’enfant des forces dont il a besoin pour « déployer ses ailes ». Heureux que l’article t’ait inspiré à la réflexion ! 💡😊
Accompagner en favorisant les ressources intérieures de nos enfants en valorisant l’effort plutôt qu’en les surprotégeant, je valide complètement !
Combien de fois ma fille ne m’a-t -elle pas demandé que je lui écrive un mot d’excuse afin de lui éviter le cours hebdomadaire de piscine à l’école. J’ai tenu bon ( la plupart du temps ;). Aujourd’hui elle m’en parle encore en comprenant mon objectif.
Et puis nous aussi nous apprenons de nos erreurs dans notre rôle de parent, rassurons-nous, il y a les erreurs et puis il y a toutes ces choses pour lesquelles on se débrouille plutôt bien!
Nous ne sommes pas parfaits mais être conscient de nos tendances et les modifier est une force inestimable vers la progression !
Merci Véronique pour ce témoignage ! 🙌 Et oui, en tant que parents, nous aussi nous apprenons et progressons ! L’essentiel n’est pas d’être parfaits, mais de rester conscients et d’évoluer avec eux. Bravo pour ta persévérance avec la piscine, ta fille en retire une belle leçon aujourd’hui ! 💪😊
J’adore cette idée de ‘protéger moins, préparer mieux’. C’est tellement vrai ! Bravo pour cet article qui remet les choses en perspective
Merci beaucoup pour ton retour enthousiaste ! 😊 ‘Protéger moins, préparer mieux’ résume en effet une approche essentielle : au lieu d’éloigner nos enfants des difficultés, nous pouvons leur donner les outils pour les surmonter. C’est un équilibre parfois difficile à trouver en tant que parent, mais tellement précieux pour leur développement !
Effectivement nous aidons parfois exagérément nos enfants notamment dans le cadre scolaire et ceci pour différentes raisons: cela ira plus vite si on le fait à leur place, on veut les préserver , éviter leur souffrance , éviter l échec, gagner du temps.
N est ce pas aussi afin de se rassurer?
Tout apprentissage nécessite du temps ,
sommes nous prêts à le prendre ?
D’autant plus que notre système scolaire ne laisse pas beaucoup de place pour « prendre le temps » et expérimenter ses erreurs.
Les programmes avancent et la fin de
l’année est vite là avec la sentence finale.
À nous de jongler avec toutes ces contraintes.
« De la contrainte naît la créativité »
Merci pour ce bel article qui nous pose question et nous fait reprendre conscience à quel point notre rôle de parents est complexe et peut sans cesse s’améliorer !
Merci beaucoup pour votre réflexion si pertinente et profonde ! 🙏 Vous mettez en lumière une réalité que beaucoup de parents vivent au quotidien : l’envie d’aider, de protéger, parfois même de rassurer… mais au risque, sans le vouloir, de priver nos enfants d’un apprentissage essentiel.
L’erreur et le temps sont pourtant deux ingrédients fondamentaux de toute progression, que ce soit dans le sport, à l’école ou dans la vie. Comme vous le soulignez si bien, notre système scolaire ne facilite pas toujours cette approche, et c’est un vrai défi pour nous, parents, d’équilibrer accompagnement et autonomie.
Peut-être qu’en changeant notre regard sur l’échec et en valorisant l’expérimentation, nous pourrons encourager nos enfants à développer cette créativité née de la contrainte, comme vous le mentionnez si justement.
Merci encore pour ce partage inspirant ! Et vous, avez-vous trouvé des stratégies pour aider votre enfant à apprendre tout en le laissant expérimenter par lui-même ?
Ton article met en lumière un vrai problème actuel. Beaucoup de parents confondent amour et surprotection, et tu l’expliques très bien !
Merci! C’est un défi délicat, car l’intention est toujours positive. Développer l’habitude de prendre du recul sur nos réactions peut être une des solutions.