L’ART DE POSER DES QUESTIONS : L’ARME SECRETE DES PARENTS DE SPORTIFS
Le sport a cette particularité, que je trouve exceptionnelle. Il nous offre la possibilité de voyager dans des émotions extrêmement fortes. Votre enfant vivra aussi des émotions fortes et variées dans sa pratique sportive. Il connaîtra des hauts et des bas, même peut-être des très hauts et des très bas. Mais pour les parents, il est parfois difficile de trouver les mots justes lorsque notre enfant voyage dans ces montagnes russes de l’émotion. Faut-il rassurer ? Conseiller ? Corriger ? Très souvent, trop souvent, nous voulons trouver la solution à ses problèmes. Parfois, sans le vouloir, les parents sont ceux qui créent des problèmes. Et si la meilleure approche, celle qui renforce la confiance et l’autonomie de votre enfant, était de l’amener à réfléchir par lui-même ? Et si votre rôle de parent ne consistait pas à tout comprendre, tout expliquer ou tout prévoir, mais à savoir poser les bonnes questions ? Dans cet article je vais vous proposer quelques pistes pour développer l’art de poser des questions à votre enfant sportif. Vous découvrirez aussi pourquoi l’art de poser des questions est une compétence parentale essentielle dans l’univers du sport. Comment poser des questions au quotidien. Et enfin, vous comprendrez clairement en quoi le questionnement peut avoir un bénéfice énorme pour votre enfant. Tout cela en faisant de vos échanges de véritables leviers de sa croissance.
Et si vous aussi vous êtes persuadé que vos mots peuvent changez, l’attitude, le mental et le bien-être de votre enfant, je vous propose de lire aussi l’article : « les mots magiques de la progression »
Quand un simple « pourquoi ? » a changé la saison de Théo

Théo, 13 ans, passionné de basketball, revenait de ses entraînements de plus en plus tendu. Tout le monde dans la famille sentait bien que les émotions étaient sur le point de déborder le jeune sportif. Son père, quelque peu inquiet, voulait l’aider, lui partager son expérience, lui donner des conseils. Il essayait même de le motiver en lui disant des choses comme : « Tu dois te battre plus », « tu te laisses trop faire » ! » ou encore « tu baisses les bras, comment veux-tu t’améliorer si tu ne te donnes pas à fond ? ». Mais ces mots semblaient avoir l’effet contraire à celui espéré. Rien ne changeait. Théo continuait à revenir des entraînements avec la boule au ventre. Un jour, après une défaite particulièrement amère, le papa de Théo, conseillé par un ami, choisit une autre approche.
Il demanda simplement :
— Qu’est-ce qui te frustre le plus quand tu joues en ce moment ?
Ce soir-là, Théo parla pendant 20 minutes. Il exprima sa peur de décevoir ses coéquipiers, son stress face à l’entraîneur, son besoin de soutien plutôt que de critiques. Ce moment fut un déclic. Non pas parce que son père avait trouvé la solution, mais parce qu’il lui avait offert l’espace pour la chercher lui-même.
C’est cela, l’art de poser des questions.
L’art de poser des questions : un levier souvent sous-estimé dans le sport
Nous pensons souvent que conseiller est plus utile que questionner. Mais lorsqu’un enfant sportif est encouragé à explorer ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il veut, il fait bien plus que chercher des solutions : il bâtit sa conscience de soi.
Une étude publiée dans Psychology of Sport and Exercise (2017) souligne que les jeunes sportifs ayant des parents pratiquant l’écoute active et le questionnement ont une meilleure régulation émotionnelle et un taux plus élevé de persévérance.
Poser les bonnes questions, c’est donner l’opportunité de :
- Se créer un espace de réflexion et de parole en famille.
- Valoriser les ressentis de votre enfant.
- L’aider à prendre du recul, et à prendre conscience de ses émotions.
- L’encourager à devenir acteur de ses progrès.
- Lui donner confiance en lui.
Du questionnement socratique à la maïeutique : une posture d’écoute active

Depuis l’Antiquité, cette pratique est prônée par les philosophes. Socrate, même s’il n’est pas vraiment connu pour ses prestations sportives ou même ses prestations de coach sportif, enseignait à ses élèves par la maïeutique. Cette pratique est l’art d’amener l’autre à découvrir par lui-même. Ce questionnement non directif, basé sur l’écoute, le respect du rythme de l’autre, est particulièrement puissant avec les jeunes. Et encore plus puissant lorsque les émotions sont extrêmement présentes dans la pratique.
En sport, la maïeutique permet d’éviter :
- Le piège du contrôle parental excessif.
- La coupure de la communication avec l’enfant.
- La projection de ses propres attentes sur l’enfant.
- Les dégâts du dialogue basé sur les jugements des parents.
En adoptant une posture socratique, vous changez d’objectif : vous n’êtes plus celui qui « sait », mais celui qui fait émerger. C’est là que Socrate était un génie en coaching !
Comment interroger sans diriger : les clés d’un questionnement exploratoire
L’interrogation exploratoire repose sur des principes simples :
- Poser des questions ouvertes :
- Évitez les questions du type : « Tu as bien joué ? »
- Et préférez des questions ouvertes du style : « Qu’est-ce qui t’a plu ou déplu pendant le match ? »
- Pratiquer la reformulation :
- « Donc tu t’es senti(e) seul(e) sur le terrain ? »
- Utiliser le silence actif :
- Laisser un temps d’attente avant de rebondir permet à l’enfant d’approfondir.
- S’assurer qu’il y n’y ait pas de jugement :
- Évitez les « tu devrais » ; préférez les « que pourrais-tu essayer ? »
Ces outils permettent à votre enfant de mettre des mots sur ce qu’il vit, sans pression.
Savoir questionner pour mieux comprendre ce que vit votre enfant sportif
Lorsque votre enfant sort du terrain et que vous ressentez qu’il y a une émotion forte qu’il garde pour lui, vous savez qu’il faudra utiliser l’art de poser des questions. Car chaque émotion non exprimée est comme un sac à dos chargé, que votre enfant devra continuer à transporter en silence.
En tentant de trouver les solutions à sa place, en voulant le conseiller ou en cherchant à tout prix à imposer votre vision du problème, vous le condamnez à porter ce poids sur son dos. Par contre, en posant les bonnes questions, vous aidez votre enfant à décharger ce sac, à comprendre ses propres besoins, et à retrouver en lui le pouvoir d’agir.
L’art de poser des questions, c’est aussi l’art de se poser des questions.

Même si la position du « je sais » semble, de l’extérieur, bien plus confortable que celle du « je me demande si », il n’y a pas photo dans le résultat profond que chacune engendre.
« Remettre en question ses certitudes, c’est ouvrir une porte vers la liberté » – Albert Jacquard
En tant que parents, nous voulons nous rassurer sur le fait de posséder toutes les solutions pour nos enfants, on évite alors de se remettre en question ou même de se poser des questions.
Pourtant, l’art de se poser des questions s’applique aussi à nous.
On peut ainsi se poser les questions suivantes :
- Ce qu’il me dit, est-ce un appel à l’aide ou une envie de partager ?
- Est-ce qu’en lui disant cela … je lui permets de développer sa confiance en lui, ou au contraire je l’empêche de la développer ?
- Est-ce le bon moment pour parler, ou juste pour écouter ?
- Comment puis-je interpréter la situation sans intégrer mes craintes et mes frustrations personnelles ?
- Pourquoi suis-je autant touché par ce qui se passe ?
Le questionnement pour son enfant, c’est aussi se questionner soi-même.
L’art de poser des questions : 10 exemples concrets à utiliser après un match ou un entraînement
Voici quelques formulations puissantes à intégrer à vos échanges :
- Qu’as-tu appris sur toi dans cette situation ?
- Qu’as-tu aimé dans ton match ?
- Qu’aurais-tu envie d’améliorer ?
- Que crois-tu que voulait ton coach lorsqu’il t’a dit … ?
- Comment as-tu réussi à prendre du plaisir sur le terrain aujourd’hui ?
- Comment as-tu vécu ce moment difficile ?
- Qu’as-tu ressenti quand tu as été remplacé ?
- Quelle décision as-tu trouvée courageuse ?
- Si tu pouvais recommencer un moment, lequel choisirais-tu et pourquoi ?
- Que veux-tu améliorer comme attitude pour ton prochain match ?
Vous retrouverez d’autres idées pour accompagner au mieux votre enfant sportif dans l’article « Comment vos mots façonnent le mental de votre enfant sportif »
Ce qu’il faut retenir : poser des questions, c’est faire grandir

Loin d’être une technique, l’art de poser des questions est une posture :
-> Celle d’un parent qui choisit d’écouter plutôt que de donner des leçons,
-> Qui décide d’éveiller plutôt que de convaincre,
-> Une posture qui offre l’autonomie à travers la possibilité donnée à l’enfant de trouver lui-même les réponses,
-> Qui fait le pari de développer la confiance en soi plutôt que l’obéissance,
-> Et qui offre tout simplement l’opportunité de grandir.
Cette posture, vous pouvez l’adopter ! Cela demandera du temps, de l’entraînement, peut-être même de l’aide. Mais elle sera tellement bénéfique à votre enfant que ce serait dommage de s’en priver.
Et chaque question que vous poserez formera le terreau du développement personnel et harmonieux de votre enfant sportif. Alors pourquoi ne pas commencer dès aujourd’hui ?
Ressources complémentaires
COMMENT VOS MOTS FAÇONNENT LE MENTAL DE VOTRE ENFANT SPORTIF – Les Attitudes Gagnantes
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – Les Attitudes Gagnantes
LA SURPROTECTION DES ENFANTS FREINE L’EPANOUISSEMENT – Les Attitudes Gagnantes
LES MOTS MAGIQUES DE LA PROGRESSION – Les Attitudes Gagnantes
COMMENT DONNER DU FEEDBACK CONSTRUCTIF ET MOTIVANT ? – Les Attitudes Gagnantes
LE PIEGE DE LA PROJECTION PARENTALE, QUAND VOTRE RÊVE DEVIENT SON FARDEAU – Les Attitudes Gagnantes
CHANGER D’ÉTAT D’ESPRIT : UNE CLÉ POUR L’ÉPANOUISSEMENT – Les Attitudes Gagnantes
“The Art of the Question” — FIFA Training Centre


J’adore tes articles coach et ce qui est formidable c’est que tes conseils judicieux d’écoute active sont valables dans nos relations de vie générale et pas uniquement dans le développement de jeunes sportifs. C’est mon avis.
Oui 100% d’accord avec toi ! L’art de poser des questions n’est en effet pas réservé au coaching ou à l’accompagnement parental. Dans notre vie professionnelle, personnelle et amoureuse, cette position d’être plus à l’écoute est aussi très enrichissante. Merci !!!