PARENTS TROP ÉMOTIONNELS
POURQUOI CERTAINS PARENTS PÈTENT UN CÂBLE SUR LE BORD DU TERRAIN.
Qu’est-ce qui fait que des parents, parfois très calmes dans la vie de tous les jours, peuvent devenir méconnaissables au bord du terrain. Qu’est-ce qui rend les parents aussi émotionnels ? Quels sont les facteurs qui entrent en jeu dans cette transformation à la manière de Dr Jeckyll et Mister Hyde.
Quel type de potion certains parents ont-ils bien pu absorber pour se transformer en Mister Hyde, en une version maléfique d’eux-mêmes, sans conscience ni morale ? Heureusement, l’histoire des parents de jeunes sportifs ne finit pas comme celle du roman de Stevenson. Pourtant, il arrive que les émotions prennent une telle ampleur qu’elles débordent, faisant de leur propre enfant la première victime.

LE PÈRE QUI PERD SON SANG-FROID.
Il y a quelques années de cela, j’assiste à un match de basketball où joue l’un de mes enfants. Le coach de l’équipe U21 ne fait pas jouer, ou très peu, un joueur encore U18 – mon souvenir n’est pas très clair à ce sujet.
A la fin du match, le père de ce joueur traverse le terrain et tente de s’en prendre physiquement au coach de son fils.
Aucun coup n’a été porté, car il a été arrêté à temps, mais les conséquences seront tout de même lourdes. Le papa est interdit de salle par le club et à la fin de la saison le père et le fils décident de rejoindre une autre entité. Depuis, alors qu’il avait beaucoup de potentiel, ce joueur ne l’a plus jamais pleinement exploité.

IL MANQUE DE RESPECT À MON FILS
Une histoire similaire s’est déroulée, il y a de cela quelques mois, je regarde un match de U14. Le match est assez compliqué pour l‘équipe qui joue à domicile, mais encore plus compliqué pour un des joueurs que j’appellerai T. pour l’occasion.
Le coach qui gère l’équipe donne des consignes précises qui me semblent pertinentes. Mais T. n’arrive pas à les appliquer et le coach fait un remplacement. Quelques minutes plus tard, ce dernier tente de remettre T. sur le terrain, mais rien n’y fait : les consignes du coach ne sont pas appliquées, et le résultat est le même : le joueur retourne sur le banc.
Dans les tribunes, un homme se lève brusquement. Son visage se ferme, il descend les marches en fulminant, les poings serrés. Il se poste en bord de terrain et, d’une voix forte, lance à qui veut l’entendre : « ce coach manque de respect à mon fils ».
Ces deux histoires sont symptomatiques. Tout le monde ne réagit pas de manière extrême bien entendu. Mais beaucoup de parents ressentent des émotions fortes lorsqu’ils perçoivent ce qu’ils considèrent être des injustices vis-à-vis de leur enfant.
Qu’est-ce qui pousse certains parents à perdre leur sang-froid ? Pourquoi certains parents se laissent-ils déborder par leurs émotions ? Et surtout, car cela s’appliquera à tous les parents, pourquoi ressentons-nous si fort ce qui touche nos enfants.
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°1 : L’IMPLICATION PERSONNELLE

Certains parents s’investissent énormément dans l’éducation de leur enfant, ils passent de nombreuses heures sur la route et au bord du terrain. Et, comme l’amour parental est le moteur principal de leur relation, toute critique, remarque, injustice perçue ou réelle qui touche leur enfant est interprétée comme une remise en question de leurs efforts et de leur rôle de parent.
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°2 : L’INSTINCT DE PROTECTION

Avec le temps l’être humain a réussi à rendre ses instincts acceptable socialement. Mais l’instinct de protection semble pour certains plus fort que les règles de bienséances sociales . Voir son enfant subir une remarque d’un coach, ou une injustice peut suffire à activer l’instinct protecteur. Même si l’intention n’est pas de blesser, les parents peuvent ressentir ces situations comme une attaque personnelle.
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°3 : LE BESOIN DE RECONNAISSANCE
Être parent est un rôle exigeant qui demande de nombreux sacrifices. Pourtant nous ne sommes ni éduqués ni préparés à devenir parents. Par contre, nous aimerions que notre comportement soit parfait. L’enjeu est tellement grand, cela se comprend. On veut même être reconnus pour nos efforts et pour le résultat de notre implication. Nous voudrions être uniquement valorisés pour tout cela. Alors, lorsque notre enfant essuie des remarques, c’est toute l’éducation que l’on donne qui est remise en questions.
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°4 : LE REGARD DES AUTRES.
Dans sa pièce de théâtre Huit Clos, Sartre faisait dire à un de ses personnages : « L’enfer, c’est les autres ». Et aujourd’hui, à une époque où l’on partage notre vie sur les réseaux sociaux, la phrase du philosophe français est encore plus vraie que jamais. De plus, dans le monde du sport, il existe une pression sociale supplémentaire sur la performance. Cette impression d’être, épié, jugé, critiqué rend le regard des autres encore plus pressant. Et tout ce qui pourrait se mettre entre votre enfant et ses moments de gloire risque de vous faire perdre le contrôle de vos émotions.

PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°5 : DES ATTENTES TROP ÉLEVÉES ET UNE PROJECTION PERSONNELLE.
Beaucoup de parents ont des attentes (parfois inconscientes) vis-à-vis de leur enfant. Parce qu’ils projettent chez leur enfant une réussite qu’ils n’ont pas eue ou qu’ils voudraient plus grande. Ces attentes disproportionnées mettent de la pression sur les enfants mais aussi sur les parents. Et, lorsqu’un coach prend une décision qui va à l’encontre de ces attentes ou que l’enfant adopte un comportement inattendu, cela peut être vécu comme une remise en question personnelle.

PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°6 : L’INFLUENCE DES INSÉCURITÉS.
Certains parents peuvent inconsciemment projeter leurs propres insécurités sur leur enfant. Une blessure d’enfance, un père trop sévère ou un enseignant moqueur, les raisons des blessures peuvent être multiples. Si leur enfant subit une critique, une moquerie ou un échec, cela peut réveiller des blessures personnelles, ce qui amplifie la réaction émotionnelle.
PARENTS TROP ÉMOTIONNELS – RAISON N°7 : LES MAUVAIS TOURS QUE NOUS JOUE L’EGO.

Même si dans le monde du sport, on semble valoriser un ego quelque peu surdimensionné. Il me semble évident que trop souvent l’ego nous joue de mauvais tours. Il fait percevoir des décisions a priori banales comme des attaques personnelles. Le sujet de l’ego mérite un article à lui tout seul. Je me baserai d’ailleurs sur l’excellent livre « l’Ego est l’ennemi » de Ryan Holiday pour vous le proposer.
APPRENDRE À MAÎTRISER SES ÉMOTIONS POUR MIEUX ACCOMPAGNER SON ENFANT
Les émotions sont au cœur de la parentalité et du sport. Ressentir de la frustration, de l’injustice ou de la fierté est naturel lorsque l’on suit le parcours de son enfant. Mais lorsque ces émotions prennent le dessus, elles peuvent avoir des conséquences néfastes, non seulement sur le parcours sportif, mais surtout sur l’enfant lui-même.
Comprendre les mécanismes qui nous poussent à réagir de manière excessive – implication personnelle, instinct de protection, besoin de reconnaissance, regard des autres, projections ou insécurités – permet de mieux gérer ces situations. Il ne s’agit pas de nier ses émotions, mais d’apprendre à les canaliser pour rester un soutien positif et bienveillant pour son enfant.
L’enjeu n’est pas seulement d’éviter de « péter un câble » sur le bord du terrain, mais surtout d’adopter une posture qui aide l’enfant à s’épanouir, à apprendre et à grandir dans son sport… et dans la vie. Après tout, le sport devrait être aussi une école de la maîtrise de soi – pour les jeunes athlètes et peut-être aussi pour leurs parents.
Si cet article vous inspire, vous pouvez le commenter. Et, s’il vous pousse à prendre de bonnes résolutions pour l’accompagnement de vos enfants, vous pouvez lire l’article suivant: « les bonnes résolutions des parents de sportifs ».
Hyper intéressant!
Je conseille vivement la lecture de cet article qui explore le domaine de nos émotions .
Même si vous ne vous reconnaissez pas dans l image du parent vociférant au bord du terrain, il est parfois bon de s’expliquer la raison de certaines de nos réactions.
L’article nous suggère des pistes de réflexion pour une remise en question et ainsi aborder les situations de façon plus sereine .
Merci 🙏
Parce que le sport doit avant tout
rester une source d’épanouissement pour les enfants et leurs parents .
Merci Veronique pour ce commentaire positif et encourageant ! En effet même si on ne se reconnaît pas dans les parents qui crient sur les bords du terrain, on a tout intérêt à aller chercher les causes de nos émotions débordantes.
Spot on, Yvan! 👏 On aprend beaucoup de nous-meme comme parent dans une salle de basket et surtout dans l’après-match…. C’est un grand exercise positif de contention et self-control qui nous sert aussi dans la vie qui nous reste 🙂
Merci Hugo pour le message! On a en effet tous besoin de continuer à nous améliorer sur notre self contrôle. Lorsque l’on découvre le pourquoi on passe plus facilement à l’action!