
Que tu aies choisi de suivre un programme imposé par tes coaches ou que tu te l’imposes à toi-même, tu fais preuve de discipline. On parle parfois d’autodiscipline. La question que l’on va se poser ensemble dans cet article, c’est de savoir si, pour un jeune sportif qui vise le haut niveau, faire le choix de la discipline c’est vraiment se laisser emprisonner ?
Certaines personnes, qui ne vivent pas dans le milieu du sport de haut niveau, ont parfois même du mal à comprendre comment et pourquoi un sportif, et à fortiori un jeune sportif, s’impose une discipline aussi astreignante.
C’est vrai que s’imposer des entraînements quotidiens, une hygiène de vie et des privations de sorties peut paraître pour certaines personnes un choix beaucoup trop contraignant.
La mauvaise presse de la discipline.
Pour certaines personnes, la discipline c’est: « ne pas faire ce que l’on veut quand on le veut ». Pour d’autres encore, la discipline c’est : « quelque que chose qu’ils doivent fuir à tout prix ».

Je me souviens d’un jeune sportif qui s’était imposé de ne pas toucher une goutte d’alcool. Ses amis de classe qui l’invitaient à des petites soirées lui proposaient de boire un petit verre de bière ou d’alcool. Sans vouloir rentrer dans une discussion philosophique, Alexandre (c’est le nom que je lui donnerai pour l’occasion) leur expliquait que, comme il faisait du sport de haut niveau, il préférait ne pas prendre l’habitude de boire de l’alcool. Cet argument ne parvenait pas toujours à convaincre ou même satisfaire ses copains de soirées, qui insistaient parfois lourdement pour qu’il en prenne « seulement un ».
C’était l’incompréhension qui se lisait la plupart du temps sur les visages. Mais parfois le jugement prenait le dessus. « Tu dois te laisser aller … » ; « qu’est-ce que cela peut bien faire de boire un seul verre ? » ; « qu’est-ce que cela doit-être ennuyant de sortir sans pouvoir boire »…
Que ce soit pour un jeune sportif ou pour un adulte, il n’est pas toujours facile de se tenir à une discipline que la majorité ne suit pas. L’incompréhension ou le jugement créent souvent un décalage et parfois même une barrière.
Liberté… Le maître mot !
La liberté, cette fameuse liberté ! Être libre, et faire ce que l’on veut quand on veut.
La liberté est une valeur fondamentale chez l’être humain. Les histoires de luttes pour la liberté comme celle du film Amistad nous font souvent vibrer. Et même si l’histoire du film nous parle du combat d’esclaves africains, emmenés de force sur le continent américain, au début du 19ème siècle, c’est une histoire qui nous touche au plus profond de nous.

À toutes les époques, des gouvernements ont réussi à mobiliser des millions de personnes pour aller se battre et perdre leur vie, au nom de la liberté.
Le combat pour la liberté est un combat qui nous sensibilise, qui nous rassemble et qui nous engage. Tout simplement parce que l’on a tous un désir inné de liberté. On veut tous être libre et on veut tous se défaire des chaînes qui nous emprisonnent.
Mais parfois ces chaînes peuvent prendre des formes variées, des formes que l’on ne soupçonne pas.
Les habitudes s’imposent à nous.
Chacun d’entre nous fonctionne, au quotidien, avec un pourcentage élevé d’habitudes. Près de 70% de nos actions sont dictées par nos habitudes.
Toutes les actions que tu réalises à ton réveil, sont habituelles. Que tu repousses l’heure du levé, que tu sautes du lit dès la première note de ta sonnerie ou que tu prennes ton GSM pour scroller sur les réseaux sociaux, tes premières actions du matin sont des habitudes.

Lorsque tu rentres dans la cuisine, est-ce que tu te diriges, par habitude, vers le frigo, vers un armoire particulière ou vers le lave-vaisselle pour le vider ?
Et lorsque vient le soir, que fais-tu quand tu as terminé d’étudier et que ton entraînement est terminé ? Passes-tu trop de temps sur les réseaux sociaux, joues-tu trop longtemps à ton jeu préféré, ou as-tu la discipline d’aller dormir tôt pour être performant à l’école et dans ton sport ?
Les habitudes que tu as créées ou qui se sont imposées à toi, te gardent dans des modes de fonctionnements qui sont parfois difficiles à changer.
En d’autres termes nous avons tous des habitudes, mais les habitudes n’ont pas toutes le même impact. Certaines habitudes ont un impact positif sur nous, notre santé et notre développement. D’autres impactent négativement notre vie.
La discipline nous permet de choisir nos chaînes.

Peut-on réellement être libre ? S’il existait un état total de liberté, cela voudrait dire que chaque action est le fruit d’un choix conscient et soustrait à toute influence extérieure. La liberté serait, alors, de fonctionner sans aucune habitude et de se poser la question du choix de nos actions à tout moment de la journée. Ce qui est tout bonnement impossible.
Pour certaines actions de la vie quotidienne, nous avons besoin de fonctionner en « pilote automatique ».
Nous avons besoin de placer certaines actions dans la partie du cerveaux qui gère nos habitudes. Il n’est pas réaliste de croire que nous pouvons faire des choix et donc être libre de toutes nos actions durant toute une journée.
Ainsi, il peut être intéressant de considérer la discipline comme le moyen de gérer nos habitudes. Prenons l’exemple du jeune qui faisait des remarques à Alexandre à propos de sa non consommation d’alcool. Est-il libre de boire ou de ne pas boire de boisson alcoolisée lors de ses sorties ? Ou est-il devenu dépendant et prisonnier d’une pratique, d’une habitude ? Peut-il encore sortir de la pression sociale qui s’impose à lui par le plus grand nombre ?
L’intérêt de la discipline est de nous permettre de faire le choix de nos habitudes. De faire le choix de nos chaînes.

Avoir la discipline de ne pas manger de sucrerie, c’est s’imposer des chaînes qui nous permettront de gérer notre poids, d’éviter toute une série de problèmes de santé, et pour un sportif, de maximiser ses chances d’être performant sur le terrain.
Avoir la discipline de ne pas manger de sucrerie, c’est bien entendu, aussi, s’interdire un plaisir immédiat. Mais les jeunes sportifs qui ne résistent pas à la tentation immédiate risquent de tomber dans d’autres sortes de dépendances.
Si Alexandre ne résiste pas à la tentation de faire comme les autres et d’être accepté par les autres, il risque de tomber dans la dépendance de l’alcool.
Avoir de la discipline c’est donc aussi te permettre de faire le choix de ne pas te créer des addictions qui seront nocives pour toi, pour ton développement personnel et pour la pratique de ton sport.
La discipline c’est la liberté

Est-ce qu’il est préférable de laisser les ingénieurs qui créent les jeux vidéo addictifs décider de la manière dont on passera nos journées ? Est-il préférable de laisser les industriels de l’alimentaire et les publicitaires nous rendre « addict » au sucre ? Ou est-il préférable de faire le choix de la discipline, de gérer son temps de jeu et de gérer la quantité de sucre absorbée.
La discipline peut donner l’illusion de limiter la liberté, mais à y regarder de plus près, il me semble que ce serait plutôt le contraire.
La discipline te permet de gérer tes habitudes, de choisir tes chaînes et donc de te donner plus de liberté.

Et toi, penses-tu que la discipline que tu développes pour devenir un sportif de haut niveau diminue ta liberté ? Sois libre de partager en commentaire tes expériences personnelles et tes réflexions.